Ce jeudi 28 janvier au matin, un homme a tiré sur une employée de Pôle Emploi à Valence. La femme, gravement touchée au thorax, est décédée. Il a ensuite tué une employée de son ancienne entreprise en Ardèche. La vidéo exclusive de l'arrestation du suspect par la police.
Ce jeudi 28 janvier, un homme a ouvert le feu sur deux personnes, une agent Pôle-Emploi à Valence (Drôme) et une seconde personne, une employée de son ancienne entreprise à Guilherand-Granges (Ardèche).
Sur cette vidéo exclusive France 3 Rhône-Alpes / FTV, le tireur présumé est arrêté vers 09h15 juste après son parcours meurtrier par les forces de police. L'arrestation a lieu en plein milieu de la circulation sur le pont Mistral. Il roulait à contre-sens sur cet axe, avant de percuter une voiture de police qui l'avait pris en chasse. Selon le procureur, à ce moment précis, le suspect tentait d'éviter un barrage de police sur le pont.
Un mort au Pôle-Emploi de Valence
La première victime, une employée de 53 ans d'une agence Pôle-Emploi avenue Victor Hugo, a été mortellement touchée au thorax. Le tireur aurait fait intrusion dans son bureau vers 8h30 et lui aurait tiré dessus. "On ne sait pas encore s'il la connaissait ou pas, si elle était sa référente ou pas. On ne sait pas encore non plus si il était inscrit ou pas dans cette agence. Il a fait feu à une reprise" nous a précisé le procureur de la République de Valence Alex Perrin.
Vers 11 heures, le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, et le maire de Valence, Nicolas Daragon se sont rendus sur place. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place pour les témoins et les proches de la victime.
Pour le maire de la ville Nicolas Daragon, la victime "était très investie dans son travail". Visiblement très ému, il évoque un drame énorme qui touche toute la ville: "On partage forcément l'émotion des gens qui ont vécu un moment sidérant et qui ont perdu une collègue de travail. Ils sont tous et toutes sous le choc. On partage la peine. Son mari est présent. C'est un employé de la communauté d'agglomération. Valence n'est pas une ville si grande que cela, donc quand on rencontre des gens qu'on a l'habitude de voir et qui sont dans un tel état de choc, et qu'on vit un moment pareil avec les secours, la police, c'est vraiment un moment de grande tristesse."
Les agences Pôle Emploi sont fermées ce jeudi après-midi dans toute la région Auvergne Rhône-Alpes. "La direction a pris la décision de fermer l'accueil physique et téléphonique, ainsi que les formations programmées dans les 98 agences de la région", a déclaré à l'AFP le service communication de Pôle Emploi dans la région.
"On est tous choqués, dans la colère et le recueillement", a commenté de son côté Nathalie Delbaere, déléguée du syndicat CGT, ajoutant : "Il faut que notre direction s'interroge maintenant pour savoir ce qui s'est passé car la maltraitance des demandeurs d'emploi entraîne la maltraitance des agents". La fermeture des agences est aussi envisagée vendredi sur l'ensemble du territoire national, indique-t-on de source syndicale.
Demain, vendredi 29 janvier, toutes les agences Pôle emploi seront fermées au public en France. "En solidarité avec la famille de la victime, ses proches et l’ensemble de ses collègues, une minute de silence sera respectée à midi dans tout l’établissement" a écrit la direction générale de Pôle Emploi; "ce temps permettra aux équipes de Pôle emploi de se recueillir."
Une autre victime en Ardèche dans son ancienne entreprise
Le suspect aurait ensuite pris la route, direction Guilherand-Granges (Ardèche) et la société Faun Environnement. Là, vers 09h00, il aurait tiré à une dizaine de reprise, tuant la responsable des Ressources Humaines, une mère de famille de 51 ans. Une quarantaine de salariés se trouvaient sur les lieux au moment du drame.
Le suspect aurait travaillé précédemment dans cette entreprise de 2008 à 2010 en tant qu'ingénieur, avant d'être licencié. L'arme utilisée dans l'entreprise aurait été retrouvée sur place par les enquêteurs.
Sur place, Philippe Fayat, secrétaire du CSE et délégué syndical CFDT, témoigne avec beaucoup d'émotion: "On a entendu la sirène d'alarme pour les incendies. On n'a pas vu de feu et on a compris que c'était autre chose. Après ça va vite. Ils ont dit - il y a quelqu'un en haut en train de tirer avec un fusil. Il y en a qui l'ont entendu, moi je suis parti. Tout le monde avait peur. Tout le monde est bouleversé. C'est terrible. Si c'est une personne qui est parti il y a 11 ans, je n'arrive pas à comprendre, 11 ans après, qu'est-ce qui s'est passé? La rancoeur ? Pour en arriver là sûrement il y a eu du mal. Il a peut-être été perturbé à un moment. Je ne sais pas."
Un homme connu pour ses faiblesses psychologiques
L'homme, que l'on peut apercevoir sur notre vidéo exclusive lors de son arrestation, portait un masque sur le visage. Il serait âgé de 46 ans, originaire de Nancy. Il serait porteur d'un permis de tir sportif et inscrit dans un club local. Il serait connu pour des "faiblesses psychologiques."
Selon nos informations il aurait tenu des propos incohérents au début de sa garde à vue. L'arme utilisée serait un pistolet automatique de calibre 9 mm. Une perquisition a eu lieu dans l'après-midi à Nancy.
Le procureur de Valence le décrit comme "un ingénieur, actuellement sans activité. On n'est manifestement pas dans une thématique de radicalisation. On ne connaît pas ses motivations. On ne sait pas encore quelles sont ses attaches sur Valence, il était domicilé sur Nancy. On ne sait pas actuellement pourquoi il était sur ce secteur". Le parquet de Valence va centraliser l'enquête.
Mise à jour 17h30 : selon le parquet, le suspect n'était plus inscrit dans cette agence Pôle Emploi depuis 7 ou 8 ans. Il ne connaissait pas, à priori, les employés actuels de l'agence. La victime ne serait donc pas sa référente. Il était par contre inscrit plus récemment dans une agence Pôle Emploi en Moselle.
L'enquête devra déterminer également pourquoi le suspect revenait en direction de Valence au moment de son arrestation au niveau du Pont Frédéric-Mistral.
"Je partage l'émotion et la tristesse"
La ministre du travail Elisabeth Borne s'est rendu à Valence vers 15h pour soutenir les équipes de Pôle-Emploi.
Sur place elle nous affirme : "Je partage l'émotion et la tristesse de ces agents qui ont perdu une collègue qui était très engagée. Les agents ont fait preuve de beaucoup de courage et de sang-froid, ça a permis d'arrêter ce tueur. J'ai une pensée pour les proches de la victime. Ce qui est arrivé là n'est jamais arrivé. Il peut y avoir des demandeurs d'emploi qui vivent la tristesse et qui parfois peuvent avoir des agressions verbales, mais là on est dans autre chose"
Très émue par le drame qui s’est déroulé ce matin à Valence, toutes mes pensées vont aux proches des victimes et aux agents de Pôle emploi.
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) January 28, 2021
Je serai aux côtés des équipes cet après-midi pour leur exprimer tout mon soutien.
"On a vécu un drame inqualifiable"
Le directeur général de Pôle Emploi Jean Bassères, lui aussi très ému, a voulu rendre hommage à la victime : "On a vécu un drame inqualifiable, intolérable. Il y avait une personne qui consacrait sa vie aux autres, abattue aujourd'hui froidement. C'est l'incompréhension qui domine, la tristesse et une forme de colère. Nous sommes tous touchés profondément."
Le Premier ministre Jean Castex a fait part de son émotion sur les réseaux sociaux. Il a remercié les forces de police pour leur "professionnalisme, sang froid et courage".
La drame survenu à Valence endeuille le pays tout entier.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) January 28, 2021
Aux familles et aux proches des victimes, j'adresse mon soutien et les assure de la solidarité de la Nation.
Mes pensées accompagnent les personnels de Pôle emploi dans la Drôme dont je partage l'émotion et la tristesse.
L'enquête a été confiée au service régional de police judiciaire de Valence.